Choses politiques, Enseignement

7 conseils pour réussir ses études

Après avoir réussi successivement le Gymnase (lycée), l’Université et la Haute École Pédagogique (IUFM) du premier coup, en menant également une carrière d’improvisateur, de musicien amateur et d’amant (!), je me permets de partager quelques conseils. À prendre où à laisser; faites-en votre miel, ça n’engage à rien.

  • Soyez présent

Venez au cours. Venez aux séances de séminaires. Venez aux trucs qui sont pas vraiment obligatoire, mais qui pourraient être intéressants. Le but, c’est de faire partie des murs. Les rares fois où vous serez cloués au lit, on remarquera (et déplorera) votre absence. Et quand je dis « soyez présent », suivez le cours, ne suivez pas la conversation du dernier rang.

  • Faites le boulot

Le moindre exercice à rendre, donnez-le dans les délais. La moindre dissertation à écrire est sur la table de l’assistant au jour dit. Le courriel que vous devez écrire au professeur pour lui annoncer votre programme d’examen, vous le taperez à la minute où vous aurez fini de lire ce billet.

  • Faites-vous apprécier des profs

J’ai été prof, je sais de quoi je parle: l’enseignant est de toute manière favorable à l’élève qu’il aime bien. Évaluations, délais, entretiens… Tout joue en la faveur du chouchou. Pas besoin de vous transformer en lèche-cul pour autant: faites juste le mec qui écoute; regardez votre prof quand il parle; regardez-le avec le regard intelligent de l’élève qui comprend.

  • Limitez le temps avec vos collègues étudiants (surtout les imbéciles)

Seigneur, on serait surpris du temps que les gens passent délibérément avec des collègues qu’ils n’aiment pas. Fuyez les gens qui ne vous apportent rien. Ayez toujours un livre urgent à lire à la biblio. Arrêtez le café. Refusez les apéros. Tout ça ne va pas vous « donner du courage » ou vous « détendre ». Ce qui vous détend, c’est d’arriver le soir à la maison en ayant bien bossé.

  • Communiquez honnêtement (avec les profs, avec vos amis, avec vous-même)

Vous avez besoin d’un délai supplémentaire pour rendre votre travail écrit; envoyez un courriel au professeur pour lui demander ce qui est possible. Vous avez merdé votre présentation orale; dites à votre co-séminariste pourquoi. Prenez la responsabilité. Montré que vous comprenez ce qui s’est passé et que vous reconnaissez vos erreurs. Soyez dur avec vous-même. Puis pardonnez-vous.

  • Rendez-vous indispensable

Vous êtes doué en informatique, et vous en faites profiter toute la classe. Vous prenez des bonnes notes, et vous les photocopiez à ceux qui vous le demandent. Vous connaissez le mystérieux numéro de la salle où a lieu le prochain cours et vous le communiquez aux autres. De cette manière, vous partez en positif avec les autres. Quand vous serez dans la merde, vous aurez des gens sur qui compter. Après quelques années, ça s’appelle de l’amitié.

  • Ayez les yeux plus gros que le ventre. Mais finissez quand même l’assiette

Prenez beaucoup trop d’engagements (surtout quand vous devez finir votre travail de certificat); c’est lorsque vous êtes sous pression que vous êtes efficace (dans les limites du raisonnable). Demandez à ce qu’on vous impose des délais. Mettez-vous en retard exprès, une fois pour rire. Lisez un bouquin de gestion du temps, aussi.

Je ne garantis pas que vous réussirez. Mais par contre, vous vous rendrez compte que les « bons élèves », les « premiers de classe », les « intellos » appliquent tout naturellement ces principes depuis leur plus tendre enfance.

Et ça marche.

Par défaut
Enseignement, Improvisation et créativité

De l’improvisation théâtrale comme du basket

Une de mes profs de didactique d’anglais m’a dit une fois qu’un enseignant devait tendre vers un idéal: pouvoir résumer l’essentiel de son cours en une seule métaphore. Par exemple, je présente souvent à mes élèves un schéma de l’argumentation sous la forme d’une tour: les exemples en constituent les briques fondamentales, pendant que les arguments et les contre-arguments se compensent pour élever les étages de la thèse, blah blah, blah, vous voyez le genre, le prof qui fait des petits dessins en délirant au tableau.

Rambouillet Sport Basket

J’essaie souvent de faire la même chose avec mes élèves improvisateurs(trices): il y a quelques temps, je comparais la construction d’une impro à la construction d’un mur; chacun amène ses briques avec lui, et les pose sur celles de l’autre. À la fin ça donne un joli mur plus ou moins solide, qui symbolise l’histoire, plus ou moins crédible. Au bout d’un moment, mes élèves en ont eu marre de ma métaphore du mur à la noix, et moi je sentais que j’y allais droit dedans.

Alors j’ai sorti la métaphore du pont, sans doute inspiré par Johnstone qui définit le bridging comme le fait de chercher à perdre son temps dans des détails plutôt que d’aller directement au coeur de l’histoire (le petit chaperon rouge va chez mère-grand, mais en chemin elle s’arrête dans le jardin de tante Martha pour y cueillir des glaïeuls). Or, pour qu’une métaphore fonctionne, il faut qu’elle soit suffisamment riche pour amener des parallèles profitables, du genre: brique = réplique, ciment = quittance de l’information, etc, et la métaphore du pont ne menait nulle part.

Dernièrement, j’ai comparé l’improvisation théâtrale à un match de basket: les joueurs s’envoient la balle (des informations) qu’ils amènent progressivement vers le panier (le tilt, l’enjeu de la scène) en se faisant des passes (quittancer, accepter, monter les enchères, ajouter du détail). Tout ça me paraît bien satisfaisant jusqu’ici, parce que mes élèves semblent avoir mieux compris des notions comme la progression d’une scène et le fait de ne pas lancer plusieurs idées en même temps (ben ouais, on joue pas au basket avec plusieurs ballons, on n’est pas sur un terrain de flipper, bon sang!).

Je réserve pour mes vieux jours une métaphore de derrière les fagots, celle des jazzmen, où les thèmes musicaux seraient des patterns narratifs, où les solos deviendraient des lazzi et où les tonalités seraient les émotions.

Je voulais juste en parler avant qu’on me pique l’idée.

Par défaut
Enseignement, Improvisation et créativité

Peau-Aime

Je ne connaissais pas vraiment Stephen Fry, outre le fait qu’il est un humoriste anglais qui a participé notamment à Whose Line is It Anyway dans sa version britannique, et qu’il a collaboré une fois ou deux avec un ou deux des Monthy Python (il fait une apparition express dans Un poisson nommé Wanda, par exemple).

Et là je suis récemment tombé sur un bouquin sorti fin 2005 qui a titillé ma fibre d’improvisateur, j’ai nommé The Ode Less Travelled: Unlocking The Poet Within, dont le titre est un détournement d’un de mes bouquins favoris, Le chemin le moins fréquenté, de Scott Peck (un psychiatre qui disserte autour de l’amour et de l’attachement, entre autres).

La couverture

Bon, jusqu’ici, vous vous dites blah blah blah, le mec veut étaler toute sa culture.

Qui êtes-vous pour me juger, d’abord.

Je voulais surtout vous parler de mon plaisir à découvrir cet espèce de manuel de poésie, écrit comme une lettre de grand-papa. À chaque page, j’ai l’impression que l’auteur me respire dans la nuque et me parle à l’oreille. Un vrai régal! J’ai à peine entamé le premier chapitre, mais je peux déjà vous dire que ce bouquin va me faire plaisir. Et pour les improvisateurs/trices qui me lisent, vous allez certainement retrouver quelques citations qui ont à voir avec la créativité, la spontanéité, l’imagination et qu’c’est théra, et qu’c’est théra.

Allez, une petite pour la route:

The mediocre teacher tells. The good teacher explains.

The superior teacher demonstrates. The great teacher inspires.

William Arthur Ward

Par défaut
Enseignement

Perles de l’enseignement (1)

L’élève: M’sieur, le texte que vous nous avez donné, là, il est pas un peu pour les enfants?

Le maître: Voyons… Les autres, qu’est-ce que vous en pensez?

Une autre élève: Ben moi, je trouve que l’histoire elle est pour les enfants, mais elle peut aussi être pour les adultes, parce qu’il y a une signification un peu cachée, il y a une métaphore, donc c’est aussi pour les adultes.

Le maître: Oui, je pense aussi. Les histoires qu’on vous raconte, elles ont toujours deux significations: au premier degré, vous avez une belle histoire. Mais derrière, il y a toujours un sens caché, une morale. Même le blockbuster le plus abêtissant que vous regarder sur dévédé, il a toujours une signification dans votre vie de tous les jours. Vous vous identifiez forcément à son héros, que ce soit pour être d’accord avec ses réactions, ou pour le rejeter totalement. Je pense qu’on regarde jamais un film uniquement pour se changer les idées.

(un temps)

L’élève: M’sieur?

Le maître: Oui?

L’élève: Pourquoi on a le français si tôt le matin?

Le maître: Je ne comprends pas.

L’élève: Non mais parce que là, la prise de tête, c’est trop abuser.

Par défaut
Enseignement, Improvisation et créativité

Bientôt prof (2)

Après un silence inquiétant d’un mois, me revoici d’attaque. Et pour répondre aux demandes pressantes (et encourageantes!) de Onzerod et Lily, voilà des nouvelles rassurantes:

– mes petits monstres d’élèves sont tout à fait domptables

– mes compétences pédagogiques sont tout à fait améliorables

– mes collègues sont tout à fait agréables

Et malgré ces nouvelles réjouissantes, je ne vais pas m’étaler beaucoup plus longtemps sur ces charmants bambins de 18,9 ans (en moyenne), parce que je souhaite éviter à ce blog le misérable destin d’un quelconque « blog de prof » (même si je vais très certainement vous en reparler, ha-ha-ha-je-ne-tiens-pas-parole).

Tibert en pleine interrogation métaphysique sur les théories de stimulus-réponse

Mais je profite par contre de partager avec vous un exercice d’improvisation théâtrale que j’ai (re) découvert avec plaisir: il s’agit des « monologues en chaîne », qui s’inspire directement du « Mot de la fontaine » (le truc avec les associations d’idées) et des « monologues libres » (chez Napier, je crois) qui sont deux grands classiques. Ça se passe comme ça:

Les impromédiens sont réunis en cercle. Jules commence un monologue rapide, en incarnant un personnage. Dans les vingt secondes, l’impromédien qui se trouve à sa droite doit s’inspirer d’un mot prononcé par Jules pour démarrer un autre monologue (avec un autre personnage, hé). On arrive donc à enchaîner assez rapidement des discours et des personnages discontinus, qui évoluent par association d’idées.

J’ai constaté plusieurs bénéfices à faire cet exercice: il développe plusieurs compétences essentielles à mon goût, soit l’écoute  (parce que je suis obligé d’être à l’affût de tous les mots de mon partenaire), la spontanéité (parce que je ne peux pas planifier, parce que la prise de parole est immédiate) et un travail du personnage « sur-le-champ » (ce qui aide par ailleurs à repérer les « tics » de création de personnage « dans l’urgence ». Je pense m’être inspiré aussi du « give & take » de Viola Spolin, qui fait circuler une bonne énergie entre les participants. Bref, l’essayer, c’est l’adopter.

Alors même si je suis pas souvent fan de conseiller des exercices (je crois plutôt qu’un exercice répond à un besoin spécifique au niveau du groupe, de l’entraîneur, etc.), je suis content de cette trouvaille.

Et pour ceux que ce billet a profondément ennuyé (pour son contenu éminemment technique et peut-être réservé à un public de passionnés), voici une bonne blague (partielle):

« C’est Christoph Blocher, un jour il a soif, alors il entre dans un bar. Il y a Georges Bush et Nicolas Sarkozy qui boivent déjà une bière. Alors Blocher va vers le comptoir, et dit:

– Ha ha, j’offre la tournée générale!… »

(et maintenant, imaginez la suite, et débrouillez-vous pour que ça soit drôle)

Par défaut
Enseignement

Bientôt prof

C’est la rentrée, mais j’ai pas encore commencé. J’ai mon premier cours mercredi, et je me réjouis de voir ma classe. Vingt paires d’yeux qui vont me dévisager, en jugeant my english accent histoire de voir s’il en vaut la peine.

Tibert rêve

J’ai envie de bien faire mon job. J’ai envie de leur donner le goût d’apprendre. De leur transmettre la joie de savoir. De leur montrer le lien entre Shakespeare et Desperate Housewives, de leur apprendre buy-bought-bought et sell-sold-sold, de leur raconter en primeur la fin de Harry Potter, de leur montrer que savoir une langue, c’est s’ouvrir au monde, que parler à l’autre, c’est apprendre à s’écouter soi-même.

Je vais devoir tenir un personnage que j’ai encore peu travaillé, un rôle-de-composition comme on dit: le prof qui sanctionne, le prof qui frustre, le prof qui montre la limite. Je sais déjà que je suis pas payé pour être aimé; que je suis pas payé pour être drôle. J’ai peur de surjouer, de décrocher. J’ai peur de voir que le costume ne me va pas.

Mon inconscient m’a bien montré que j’étais encore un bleu-bite: cette semaine, encore trois fois rebelote avec le rêve où j’arrive sans avoir rien préparé, celui où j’arrive tout nu, celui où j’arrive en retard, celui (même) où je n’arrive pas.

Vivement mercredi.

Seigneur, faites qu’ils soient gentils, polis et disciplinés.

Par défaut
Actualité, Enseignement, Vidéos

Ce que les enseignants produisent

Voici une vidéo qui présente Taylor Mali, un orateur professionnel, également slammeur et poète. Il répond à une objection souvent opposée à la fonction d’enseignant, qui est celle de ne rien produire de concret. Ha ha. Voyons cela.

Une (très libre) traduction se trouve ci-dessous, mais vous pouvez préférer la version originale.

Ce que les enseignants produisent, ou
Objection Retenue, ou
« Si ça ne marche pas, vous pourrez toujours faire du droit ».

Par Taylor Mali

Le mec pose sa fourchette et dit que le problème avec les enseignants, c’est « qu’un gosse, qu’est-ce qu’il va apprendre de quelqu’un dont le plus grand but dans la vie était de devenir prof ? ha ha hé ha hin haaaha. »
Le mec rappelle aux convives que « c’est vrai ce qu’on dit à propos des profs : ceux qui sont capables, font ; ceux qui sont incapables, enseignent, ha ha hé ha hin haaaha. »
Je me mords la langue (plutôt que la sienne), et résiste à la tentation de rappeler aux autres que c’est aussi vrai ce qu’on dit à propos des avocats.
Meuh oui, on dîne, après tout. On est entre adultes polis.
« Mais en fait, Taylor », reprend le mec, « Sois honnête avec moi : qu’est-ce que tu produis ? »
Bon. J’aurais bien voulu éviter ça, (qu’ils me demandent d’être honnête), parce que voyez-vous, j’ai une ligne de conduite identique pour l’honnêteté et le bottage de cul : si on me cherche, on me trouve.

« Okay, mec, tu veux savoir ce que je produis ?
Je produis des gosses qui travaillent plus qu’ils n’auraient jamais pu l’imaginer.
Je distribue des 4 qui ont le goût du prix Nobel, et des 5 et demi qui ressemblent à des poings dans ta gueule : dis-moi, Célia, comment tu oses me présenter quelque chose qui vaut moins que ce que TU vaux ?
Je produis des élèves qui restent assis 40 minutes dans un silence absolu : NON, vous ne pouvez pas travailler en groupe ; NON, vous ne pouvez pas poser de questions ; NON, vous ne pouvez pas aller au robinet, parce qu’en fait vous n’avez pas soif : vous vous ennuyez, c’est tout.
Je produis la peur chez les parents d’élèves, quand j’appelle à la maison tard le soir : j’espère que je ne dérange pas, madame, je voulais juste vous parler de ce que Thomas a dit aujourd’hui. Thomas m’a dit, « Laissez-moi tranquille, m’sieur. Des fois, j’ai encore besoin de pleurer. Ça vous arrive pas à vous ? », et c’était le plus noble acte de courage que j’aie jamais rencontré.
Je produis cette prise de conscience, chez les parents, de se rendre compte de ce que leur enfant vaut vraiment, de qui il est et qui il pourra être.

Tu veux encore savoir ce que je produis ?
Je produis l’étonnement chez les mômes.
Je produis le questionnement chez les ados.
Je produis des étudiants qui cherchent à critiquer.
Je les fais s’excuser, et s’excuser sérieusement.
Je les fais écrire, écrire, écrire.
Et ensuite je les fais lire.
Je leur fais écrire délicieusement délicate, délicieusement délicate, délicieusement délicate, encore et encore, jusqu’à ce qu’ils l’orthographient correctement pour toujours.
Je leur fais montrer tous leurs travaux en math, et je leur fais tout cacher pour leur remise au propre en français.
Je leur fais bien comprendre que s’ils ont ça (le cerveau) et qu’ils suivent ça (le cœur), alors, quand quelqu’un viendra les juger sur « ce qu’ils produisent », ils pourront leur montrer ça (doigt d’honneur).
Alors laisse-moi te répéter, mec, parce que c’est vraiment important que tu comprennes : ce que je produis, c’est une putain de différence !
Bon. Et toi, qu’est-ce que tu produis ? »

Par défaut
Actualité, Enseignement, Internet

La crème de la crème

Oh yeah, mes billets se raréfient, la faute à pas de bol, au temps qui se mange les pouces et à Tibert qui me ronronne dans l’oreille, la faute au beau temps du mois d’avril, qui file et se découvre de tous ses fils. Heureusement, l’Internet me fait gagner du temps grâce au concept d’agrégateur, qui me permet de sélectionner la crème de la crème (c’est à dire, du beurre) pour maximaïser mon temps de lecture sur cette Toile gluante.

Il faudra d’ailleurs que je m’étende un jour un peu plus sur le concept d’agrégateur de blog: en bref, c’est un compte personnel ouvert sur bloglines ou autre qui permet de gérer les flux RSS – entendez, les derniers messages, billets ou niouzes – arrivés sur les sites préférés. L’autre jour, je disais donc à mon frère:

Moi: Tiens, c’est super-cool ce concept d’agrégateur, ça te permet de perdre moins de temps à relire les informations que tu connais déjà, il faudrait que ça existe avec les personnes. Tu vois, tu verrais les gens uniquement si ils ont quelque chose de nouveau à t’apporter.

Mon frère: Ouais, mais il y a des personnes que tu verrais plus beaucoup, alors.

(ça me fait penser que je l’ai pas vu depuis un bail, ce mec-là; il faut que je me méfie)

Quand même eu le temps, donc, de mettre les yeux sur un fichtre beau billet qui résume assez bien mes prophéties de vieux bourré sur l’avenir de l’enseignement via les blogs, les sites, et bla et bla et bla. Alors, voilà, ça se trouve là, ici, et ça parle d’enseignement par et pour les blogues; ça me fait d’ailleurs bien plaisir de voir comment le paragraphe en citation finit, parce que je viens de mettre en place un embryon de blogue de cours pour ma classe d’argumentation, ici.

Tibert, lui, s’en bat les couilles. Lui, il cherche plutôt un agrégateur de poils, parce que mon parquet commence bientôt à ressembler à de la moquette. De la moquette en poils de chat.

Tibert s’en lèche les couilles

Par défaut
Enseignement, Improvisation et créativité

Be what you teach

C’est vrai, je l’avoue, j’ai regardé la saison 2 de Desperate Housewives sur un DVD pirate. Okay, j’ai également un ou deux mégas de musique téléchargée illégalement sur mon ordinateur. Effectivement, ça m’est arrivé de demander à un pote de me pirater un film en VO sur eMule pour parfaire ma culture cinématographique. Mais jamais, au grand jamais, je n’ai révélé ça dans une salle de classe.

Tibert, un cat-model librement téléchargeable et utilisable à des fins pédagogiques

En cours de didactique de l’anglais, on a récemment travaillé sur des chansons et des vidéoclips. Pour beaucoup, l’Internet se profilait comme une source bienvenue (et gratuite) de matériel pédagogique. Oui mais voilà, c’est illégal, ont dit les uns. D’accord, mais c’est à visée pédagogique, on rétorqué les autres. Ah-ah, d’accord, mais quel genre de valeurs on veut véhiculer si on montre même pas l’exemple, ont répété les uns.

Et je dois bien leur donner raison: un enseignant ne vole pas sur le Net, voilà tout. Ou en tout cas, il n’utilise pas le produit de ses larcins comme support de cours.

Avec certains de mes collègues, j’ai même dû argumenter avec un peu plus d’acharnement (j’avais la bave aux lèvres, à force), et voilà ce que je défendais: nous devons être ce que nous enseignons. Si nous voulons communiquer une certaine idée de l’éthique, alors nous devons nous montrer irréprochable, au moins sur le plan de l’école. Une nana m’a répliqué qu’on pouvait paraître. Ha-ha, je lui ai répondu. Si on ne fait que paraître irréprochable, les élèves vont nous prendre en défaut. Et plus dure sera la chute.

J’ai la chance d’avoir trouvé plusieurs échos dans ma littérature préférée; j’avais déjà lu l’histoire suivante dans un bouquin de pédagogie, et le texte se trouve à plusieurs endroits sur le Ouèbe.

Une mère et son fils font un long voyage pour rencontrer le Mahatma Gandhi. Le chemin est long et pénible, et la mère a bien des raisons de se plaindre. Quand elle rencontre enfin le maître, elle le supplie de résoudre un problème qui la torture depuis des années: « Dis à mon fils d’arrêter de manger du sucre! » Gandhi prend le temps de réfléchir, puis lui dit après un moment: « D’accord, reviens avec lui dans deux semaines. »

Deux semaines plus tard, les voici de retour comme prévu. La mère et son fils ont accompli une nouvelle fois le même voyage pénible. Leurs corps sont fourbus, leur âme est impatiente. De nouveau, la mère présente son fils à de Gandhi. Calmement, celui-ci regarde le jeune homme et lui dit: « Arrête de manger du sucre. »

Étonnée, la femme lui dit: « Pourquoi m’as-tu demandée de revenir dans deux semaines? Tu aurais pu lui dire cela la première fois où je suis venue. »

Gandhi lui répond: « Il y a deux semaines, moi aussi, je mangeais du sucre. »

Et le mot de la faim (!) pour mon père spirituel Keith Johnstone:

If you’re going to teach spontaneity, you’ll have to become spontaneous yourself.

With a couple of exceptions, my teachers thought that the incentive should come from us, but the incentive has to be generated, or increased by the attitude of teacher. If you’re teaching mantras you have to be serious and « stable », and to make the students feel « awe ». If you’re teaching clowning you might have to be lunatic. It’s never enough just to explain the games carefully and correctly, and then – if the students are unenthused – wish that you had better students.

(KJ, Impro for Storytellers, Faber & Faber, London, 1999, p. 54)

(ou autrement dit:)

Si vous voulez enseigner la spontanéité, vous devez être spontané vous-même.

À quelques exceptions près, tous mes professeurs pensaient que la motivation devait venir des élèves; mais la motivation doit bien être générée (ou améliorée) par l’attitude du maître. Si vous enseignez la méditation, vous devez être sérieux et « stable », et permettre aux étudiants d’accéder à la « transcendance ». Si vous faites un cours sur le clown, vous feriez mieux d’être lunatique à un certain point. Pour être prof d’impro, ça ne suffit pas d’expliquer les jeux clairement et simplement, en souhaitant – si le groupe est peu motivé – d’avoir des « meilleurs élèves » la prochaine fois.

Par défaut