Une de mes profs de didactique d’anglais m’a dit une fois qu’un enseignant devait tendre vers un idéal: pouvoir résumer l’essentiel de son cours en une seule métaphore. Par exemple, je présente souvent à mes élèves un schéma de l’argumentation sous la forme d’une tour: les exemples en constituent les briques fondamentales, pendant que les arguments et les contre-arguments se compensent pour élever les étages de la thèse, blah blah, blah, vous voyez le genre, le prof qui fait des petits dessins en délirant au tableau.
J’essaie souvent de faire la même chose avec mes élèves improvisateurs(trices): il y a quelques temps, je comparais la construction d’une impro à la construction d’un mur; chacun amène ses briques avec lui, et les pose sur celles de l’autre. À la fin ça donne un joli mur plus ou moins solide, qui symbolise l’histoire, plus ou moins crédible. Au bout d’un moment, mes élèves en ont eu marre de ma métaphore du mur à la noix, et moi je sentais que j’y allais droit dedans.
Alors j’ai sorti la métaphore du pont, sans doute inspiré par Johnstone qui définit le bridging comme le fait de chercher à perdre son temps dans des détails plutôt que d’aller directement au coeur de l’histoire (le petit chaperon rouge va chez mère-grand, mais en chemin elle s’arrête dans le jardin de tante Martha pour y cueillir des glaïeuls). Or, pour qu’une métaphore fonctionne, il faut qu’elle soit suffisamment riche pour amener des parallèles profitables, du genre: brique = réplique, ciment = quittance de l’information, etc, et la métaphore du pont ne menait nulle part.
Dernièrement, j’ai comparé l’improvisation théâtrale à un match de basket: les joueurs s’envoient la balle (des informations) qu’ils amènent progressivement vers le panier (le tilt, l’enjeu de la scène) en se faisant des passes (quittancer, accepter, monter les enchères, ajouter du détail). Tout ça me paraît bien satisfaisant jusqu’ici, parce que mes élèves semblent avoir mieux compris des notions comme la progression d’une scène et le fait de ne pas lancer plusieurs idées en même temps (ben ouais, on joue pas au basket avec plusieurs ballons, on n’est pas sur un terrain de flipper, bon sang!).
Je réserve pour mes vieux jours une métaphore de derrière les fagots, celle des jazzmen, où les thèmes musicaux seraient des patterns narratifs, où les solos deviendraient des lazzi et où les tonalités seraient les émotions.
Je voulais juste en parler avant qu’on me pique l’idée.
je donne des cours de commedia dell’arte à des jeunes gens et quand ils parlent tous ensemble je leur dit de penser à msn, tu sais la boite de conversation sur le net, quand tout le monde écris ensemble la machine fait tilt et le phrases s’en mêlent et ne veulent plus rien dire.
moins poétique comme comparaison mais efficace!
Je fais de l’impro depuis quelques temps 🙂
Pas mal l’idée du mur, je vais faire la maligne devant mon cher coach lOl