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Paul Bullshit, président de Nestlé

Ce matin dans le 24Heures, le président du conseil d’administration de Nesté (Paul Bulcke, appelons-le Popol) s’exprimait contre l’initiative pour des multinationales responsables. Au printemps dernier, j’étais au Forum des 100, je me trouvais par hasard sur le siège derrière lui. Depuis que j’ai lu les bêtises qu’il déblatère dans le journal, je sais que je mourrai avec un regret : celui de ne pas lui avoir copieusement entarté sa face avec de la double-crème de Gruyères en criant Justiiiiice !

Voici ses 4 contre-vérités et 5 erreurs d’argumentation; accrochez-vous, ça ressemble à un MasterClass de sophismes. En voiture Simone, en route Popol.

Contre-vérité n° 1
« L’initiative veut rendre les entreprises responsables au-delà de leurs activités. C’est incompréhensible. Nous serions responsables des actes de tous ceux qui sont liés de près ou de loin à Nestlé. « 
C’est entièrement faux. Le texte de l’initiative est très précis à ce sujet (art. 2, alinéa b et c) en précisant que la responsabilité ne s’étend que sur les entreprises contrôlées par la multinationale. Dans le fascicule de vote, il y a un très zouli graphique qui résume tout ça. Même ma fille de 14 mois a tout compris, Popol :

Paralogisme n°1l’argument de la pente glissante
En expliquant que « [Nestlé serait] responsables des actes de tous ceux qui sont liés de près ou de loin à Nestlé.« , Popol invoque un argument de la pente glissante (restez concentrés, ça n’est pas le dernier). C’est l’argument de l’appel à la peur, de l’hyperbole, des paranoïaques, des prophètes de mauvaise augure, des corbeaux de mauvaise foi, des psychopathes de la terreur, des hérauts de l’économie immorale. Pas bien. Lorsqu’on s’exprime sur un texte de loi, on n’est pas en train d’ouvrir une brèche pour en glisser une autre.

Contre-vérité n°2
« Avec l’initiative, pour chaque plainte, l’entreprise devra prouver son innocence. C’est ce que l’on appelle le renversement du fardeau de la preuve. »
Non, Popol : quand on doit prouver son innocence face à une plainte, ça s’appelle la justice. L’idée de « renversement du fardeau de la preuve » serait d’intenter un procès à la multinationale sans aucun fondement. Si je dis « J’attaque Glencore, ils abritent un réseau de reptiliens pédophiles qui fomentent un putsch avec la 5G; prouvez-moi le contraire, » là je suis en train de renverser le fardeau de la preuve. Mais si j’attaque Glencore en présentant le rapport d’une ONG indépendante qui montre qu’ils polluent une rivière au Tchad, je réclame justice.

Paralogisme n°2l’argument de la pente glissante aggravé
« Aujourd’hui, nous travaillons directement avec 150’000 fournisseurs et plus de 500’000 agriculteurs, et indirectement avec des millions de personnes. Chacune de ces relations est une source possible de plainte pénale.« 
Mon cher Popol, si tu as des doutes sur tes 150’000 fournisseurs, tu as du souci à te faire… Il est aberrant de présenter TOUS les fournisseurs comme des sources potentielles de plaintes. C’est comme si Manor remettait en cause sa politique de « satisfait ou remboursé » sous prétexte que TOUS ses clients allaient probablement lui chercher des noises avec un grille-pain défectueux.
« Cela va créer une grande instabilité et de l’insécurité.« 
La plupart des pentes glissantes sont des appels à la peur destinés à effrayer nos cerveaux reptiliens. Là, en l’occurence, l’insécurité pourrait être surtout dirigée sur Popol et ses petites affaires.
« La présomption d’innocence sera anéantie. » 
En fait, je pense que Popol avait un agenda caché avant cet interview : donner le maximum d’exemple d’arguments de la pente glissante. Ici, il est doublé d’une hyperbole et d’une généralisation abusive (ce n’est pas parce que le droit des entreprises est attaqué que la présomption d’innocence est supprimée).

Paralogisme n°3L’homme de paille
« Le pire, c’est que cela va conditionner au fil du temps nos engagements dans certains pays ou avec des agriculteurs. C’est en cela que l’initiative est contre-productive. L’initiative aide peut-être notre bonne conscience, mais elle ne va pas aider les agriculteurs au Nicaragua ou au Zimbabwe.« 
Popol invoque le sentiment de la « bonne conscience » qui motiverait les initiants. Appeler à la responsabilité des entreprises, ça n’est pas juste appeler à la « bonne conscience ». C’est appeler à des actes forts et des mesures concrètes pour créer un monde plus juste. Ça dépasse largement la bien-pensance matinale d’un bobo qui tartine de la pâte Nesquik.
Ce qui est pervers dans cet exemple, c’est que Popol invoque en même temps la « mauvaise conscience » qu’on éprouverait à abandonner les paysans du Nicaragua ou du Zimbabwe (qui se débrouilleront très bien sans Nestlé, merci). Peut-être que la lecture de FactFulness ou d’Utopies Réalistes pourrait changer ta vision du monde, Popol.

Paralogisme n°4L’appel à la pitié
« Je vais vous donner l’exemple du Venezuela. Nestlé y a toujours cinq usines en activité, malgré la situation actuelle. Il faut le faire ! Nous employons 2500 personnes et des milliers d’agriculteurs. Nous sommes là depuis des années. C’est un engagement que nous avons avec nos employés, qui ont confiance dans cette entreprise. Mais avec cette initiative, la question se posera: peut-on encore rester dans un pays comme le Venezuela? Ce n’est pas une menace, c’est la réalité.« 
Popol présente Nestlé comme une entreprise « engagée » dans un lien de « confiance » avec ses employés. Bouhouhou si Nestlé part, ces 2500 employés vont se retrouver sans travail. Aïe aïe aïe, c’est vraiment trop important de conserver un système irresponsable pour sauver tous ces emplois ! À l’aide, Nestlé ! Versez des larmes et des dividendes !
Et Popol poursuit avec des exemples sur les « valeurs » de Nestlé :
« Là où nous sommes, même si la situation est risquée et instable, nous avons nos principes, nos valeurs. Mais le monde n’est pas noir ou blanc. Je vais donner un bon exemple: le travail des enfants. C’est terrible et très sensible. 80’000 enfants vivent dans les plantations de cacao d’Afrique de l’Ouest. Nous y sommes très attentifs. Il y a huit ans, nous avons identifié 18’000 enfants qui sont exposés à des travaux dangereux ou lourds. Avec les autorités et les ONG locales, nous avons pu scolariser 10’000 d’entre eux. Cela veut dire qu’il y en a encore 8000 exposés. »
Wait… What ? En 8 ans, vous n’avez pas pu régler ce problème ? En HUIT ans ? Vous voulez parler de… 2012 ? L’année des JO de Londres et de Gangnam Style ? J’ai de la peine à croire que vous y soyez « très attentifs » à ce problème « terrible et très sensible« . Une multinationale qui a fait progresser son bénéfice net de 40% en 2018 m’arrache difficilement des larmes (ou alors il faut que Popol se déguise en petit chaton lépreux avec une angine).

Paralogisme n°5l’analogie douteuse
Tout au long de ses réponses, Popol Bullshit répartit quelques observations sur le monde qui prétendent démontrer que cette initiative serait trop compliquée à appliquer :
« Le monde n’est pas noir ou blanc. »
« Nestlé est pour les droits humains et l’environnement. »
« Le monde est complexe. »
« Il y a beaucoup de malentendus. »
On est dans la phrase vague, l’approximation, l’ambiguïté : Popol, tu cherches à nous enfumer dans un brouillard rhétorique; tu tentes d’inventer une règle du jeu suffisamment floue pour expliquer que la future loi sera trop difficile à appliquer. C’est paternaliste et pathétique, à la mesure du gloubi-boulga que tu nous a déjà servi il y a une année.

Contre-vérité n° 3
L’Union européenne va sans doute adopter de nouvelles directives très similaires au but de l’initiative. À quoi bon s’opposer au projet suisse?
« Je dirais que l’Union européenne va plutôt dans le sens du contre-projet à l’initiative. La France a eu cette volonté d’aller plus loin. Mais elle est revenue en arrière voyant que c’était contre-productif.
« 
C’est faux. La loi relative au devoir de vigilance sur les sociétés-mères a été adoptée en 2017 en France et a permis d’incriminer le groupe Total pour son absence d’engagements en faveur de la réduction d’émission de gaz à effet de serre. Cette loi est toujours en vigueur et un rapport de février 2020 à montré des progrès dans ce sens, et des propositions pour renforcer le respect de la loi. D’autre part, certains pays européens ont d’autres dispositions qui vont dans ce sens.

Contre-vérité n° 4
En parlant de transparence, à quelle hauteur Nestlé finance la campagne, si c’est le cas?
« L’investissement de Nestlé, c’est mon temps consacré à expliquer notre position. Nestlé ne finance pas la campagne. Nous sommes membres de quelques organisations qui participent à la campagne, mais ce sont des organisations que nous finançons chaque année.« 
a) Popol, tu ne réponds pas à la question.
b) Nestlé fait partie d’Economie Suisse, qui s’engage contre la loi.
c) Quand Amnesty engage 400’000.- dans le camp d’en face, on peut se douter que Nestlé engage quelques billes dans la campagne.
d) Dans tous les cas, c’est pas du tout transparent, Popol.

BIG FINISH – la mauvaise foi dans toute sa splendeur
La dernière question de l’interview est un festival : « Comment expliquez-vous l’image désastreuse des multinationales dans l’opinion publique?« 
« Ce qui est grand, omniprésent et fort n’est pas trop aimé par définition. » (nouvel appel à la pitié, généralisation et homme de paille)
« Au bout d’un moment, l’opinion publique est conditionnée par tout ce qu’elle entend et lit. » (généralisation, contre-appel au peuple) Comme par exemple avec les affiches de Furrer & Hugi et les publicités Nespresso. C’est l’arroseur arrosé mon petit Popol.
« Lorsque nous annonçons de bonnes nouvelles, cela ne fait pas les gros titres. Par exemple, nous avons annoncé, en pleine crise du Covid, notre intention d’investir 160 millions dans l’usine Nespresso de Romont pour une extension qui va créer 350 emplois. Tout ça dans un contexte extrêmement difficile et avec peu d’écho dans les médias! » (appel à la pitié, appel à une cause) Popol, tu liras avec application les articles sur le bilan écologique calamiteux des capsules Nespresso ou le peu de transparence dont fait preuve la multinationale sur ce sujet.

BONUS : ma proposition !
Au vu de tous ces paralogismes et contre-vérités, j’accuse Paul Bulcke d’être incompétent. Je me porte candidat à sa succession à la tête du groupe Nestlé, avec un programme en 5 points :

  • Démantèlement des filiales étrangères
  • Soutien aux mesures de réempaysannement des terres
  • Nationalisation de la maison-mère
  • Mutualisation des bénéfices
  • Chocolat gratuit pendant une semaine

Je suis à dispo du conseil d’administration. Call me, any time, Popol.


EDIT : Je m’avais gouré. Sur l’excellente remarque de Maxime Laurent, j’ai remplacé les occurrences de « syllogismes » par le terme « paralogisme« , surtout pour faire de la pub à Normand Baillargeon et son excellent Petit cours d’autodéfense intellectuelle.

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Management

Une* bonne résolution

M’engager avec prudence (sur de nouveaux projets)
Prendre des risques (sur les projets sur lesquels je me suis engagé)

*D’après le stimulant essai Willpower, il est plus cohérent de ne prendre qu’une bonne résolution à la fois (il faut une trentaine de jours pour ancrer une habitude): « Si vous vous fixez plusieurs objectifs de développement personnel, vous allez peut-être réussir sur le court terme en tirant sur la réserve, mais au final, vous aurez consumé votre stock d’autodiscipline très vite, au risque de faire de réelles erreurs plus tard. » (Baumeister & Tierney, Willpower, Penguin, 2011, p.38)

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Improvisation et créativité, Management

Speed-débriefing

Dans le cadre d’équipes auto-gérées (ou de collectifs d’improvisateurs), il est toujours difficile de pouvoir faire un réel « débriefing » constructif d’un spectacle. C’est souvent trop long, mal conduit, peu précis, donc frustrant. 

Voici un outil élaboré avec Alain Börek, exploré et développé lors d’un atelier d’une semaine mêlant comédiens et improvisateurs professionnels. Ce protocole peut s’appliquer à des artistes du spectacles vivants qui ne peuvent pas compter sur la présence d’un directeur artistique externe, et qui souhaitent s’auto-débriefer de manière collective.


SPEED-DÉBRIEFING

Règle n°1: Les participants se mettent en cercle

Buts: position d’égalité et d’écoute par excellence. Il n’y a pas un avis qui vaille plus qu’un autre. Tous les points de vues sont intéressants.

Règle n°2: Un participant donne son avis sur trois niveaux:
(1) un avis sur sa propre prestation;
(2) un avis sur la prestation de son voisin de gauche;
(3) un avis sur la prestation du groupe en général

Buts: pouvoir donner un auto-débriefing, un retour sur un partenaire de jeu, un feedback sur l’équipe dans son ensemble.

Règle n°3: Une minute de parole par personne

Buts: aller à l’essentiel (on ne peut pas tout dire); rester pragmatique (plus un débriefing dure longtemps, moins il est efficace et bienveillant); dans le cas d’un débriefing « à chaud » (juste après le spectacle), cela permet de rejoindre les spectateurs très vite après le spectacle (la durée du protocole est égale au nombre d’artistes, en minute).


Principes généraux

Je: privilégier la formulation subjective. (« J’étais tétanisé jusqu’à la 10e minute »)

Précision: privilégier l’observation de comportements précis (« J’ai adoré ton personnage de monstre, très crédible pendant la scène de cauchemar »)

Formulation positive: préférer relever la présence de certains éléments, non leur absence. (« J’ai trouvé qu’il y avait trop d’idées hétéroclites sur la scène de dispute »)

Dites merci: Quand un partenaire vous fait une remarque sur votre performance, dites merci.

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Improvisation et créativité, Management

Quelques réponses détaillées à nos mandataires

Avec différentes troupes, je suis souvent engagé pour des animations de théâtre d’improvisation. Ça fait partie de mon job, et c’est un aspect que j’adore. Mais j’ai parfois des demandes très farfelues, parce que les organisateurs ne sont pas assez familier avec notre méthode de travail. Ce qui fait que j’oppose parfois un « Non » sévère à certaines requêtes.

Voilà de quoi m’expliquer plus longuement, chers mandataires.

1. « Ne faites pas de sketches sur la mort, s’il vous plaît ».

C’était lors d’une animation pour une institution de formation. Il y avait du gratin de droite, des bourgeois tout endimanchés, et le directeur arrive vers nous avant l’apéritif: « Alors c’est vous, les comédiens? Bien! J’ai une requête: dans les scènes que vous allez improviser, je n’aimerais pas trop qu’on tourne autour de la mort. Vous comprenez, il y a notre conseiller d’état qui est décédé récemment, c’est encore tout frais dans la tête des gens; j’étais l’autre jour à une réception à Lausanne; il y a un humoriste qui s’est permis de faire un sketche sur la mort; eh bien je peux vous dire que ça a très très mal passé auprès du public. »

Variantes:
« Vous pourriez faire une improvisation sur cette anecdote? » (qui n’intéresse personne)
« Vous pourriez inclure un message à faire passer pour le personnel de l’entreprise? » (c’est une soirée de divertissement)

Cher mandataire. Nous sommes des artistes: par là, j’entends que nous sommes responsables du contenu artistique que nous fournissons, et croyez bien que nous sachons être sensible et sensé lorsque nous abordons des sujets délicats. Si vous vouliez un contrôle total sur le déroulement de la soirée, vous auriez pu prendre la précaution de ne pas engager des improvisateurs. Mais rassurez-vous: dans les limites de la décence, nous allons vous embarquer pour un voyage original dans l’imaginaire.
Nous faire des recommandations sur la mort est le pire moyen de vous prémunir de ce genre de risques (nous pourrions réagir très méchamment et vous proposer un rock-opéra gore de 50 minutes sur les miasmes de l’enfer, cracher du vin et mimer des actes sexuels violents avec l’équipement techniques de cette salle de conférence).

2. « Vous demandez 500CHF pour une animation? Est-ce que vous pourriez nous faire une fleur, nous qui sommes une association à but non lucratif? »

Variantes: « 500 CHF, c’est cher! », « J’ai peu de budget, mais il y aura du monde dans la salle; ça vous fera de la visibilité » ou alors multiples échanges de mail où le mandataire tente d’influer sur les critères d’évaluations du cachet: durée du mandat, durée de la présence sur place, nombre d’intervenants nécessaires, équipements techniques, « niveau » de la performance.

Cher mandataire. Nous sommes des professionnels: nous adorons notre métier, précaire, risqué, méconnu et parfois mésestimé, mais le plus souvent, très gratifiant. Cependant, nous avons aussi des factures à payer avec du vrai argent, et c’est pour cela que nous demandons du vrai argent plutôt que des paniers de mercis. En outre, nous avons quarante engagements de votre type par année. Pour nous, ce n’est pas faire « une fleur, juste une fois », mais mettre en péril la santé financière de notre entreprise personnelle. Enfin, la « visibilité » n’est pas encore convertible en vrai argent.

3. « Vous êtes sûr que vous ne voulez pas une autre séance de préparation? »

Variante: « Vous pourriez nous expliquer à l’avance ce sur quoi vous allez improviser? »

Cher mandataire. Si nous avons choisi la voie de l’improvisation, c’est aussi pour ne pas nous embarrasser de douze séances de préparation, de quatorze PV et d’un texte à apprendre. Nous avons confiance dans l’équilibre que nous mettrons entre préparation et impréparation: faites-nous confiance, nous avons plus de dix ans d’expérience dans le milieu. Et c’est pour cette qualité que vous nous payez cher. Bien sûr, si vous voulez des improvisations sur le syndic de Lausanne qui tabasse des licornes avec l’accent suisse-allemand, vous pouvez engager nos concurrents.

4. « Vous m’avez dit que c’était 500.- pour une présence de 4 heures. Mais vous n’aurez que 20 minutes d’impro à faire! »

Variante: « Vous ne jouerez que la moitié de votre spectacle. Vous pouvez bien faire un rabais sur le cachet, non? »

Cher mandataire, nous attachons extrêmement d’importance à arriver suffisamment à l’avance sur nos lieux d’intervention. D’autre part, nous comptons dans notre cachet notre temps de répétition et de préparation global. Pour nous, l’engagement est le même, qu’il soit de divertir 20 personnes pendant 20 minutes ou 400 personnes pendant 120 minutes: de toute manière, nous serons engagés pour la soirée. »

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