J’avais déjà parlé ici de l’importance du doute, qui résumait les enjeux de l’intelligence post-formelle, le stade où vous commencez à être assez malin pour accepter que deux idées contradictoires dialoguent en même temps dans votre caboche.
En gros, je voulais donc dire que plus on comprend de choses, moins on arrive à les exprimer clairement, parce qu’on a envie de tenir compte de toutes les exceptions.
Mais la vie n’est pas si cruelle: si vous comprenez mieux les choses, vous arrivez au moins à mieux les organiser sur le papier, à défaut d’être limpide à l’oral. Par exemple, j’ai eu la surprise d’assister aujourd’hui à un cours de didactique d’anglais sur le même sujet que l’an passé – une bizarre impression de déjà vu, en fait – et j’ai remarqué que je pouvais donc organiser mes notes d’une manière beaucoup plus visuelle et schématique et belle et poétique et publiable. Ça donnait quelque chose comme ça, qui est assez beau, vous en conviendrez j’espère: (droits réservés)
Je me suis donc empressé d’en tirer la conclusion absolument hâtive que voici: « mieux on comprend une matière, mieux on l’organise. » Et je me suis rendu compte que c’était une conclusion absolument éronnée – ha ha ha- petit fripon tu vas trop vite: la preuve par ce brillant contre-exemple, qui résume le programme de l’UDC pour la Suisse.
Dès lors, on peut donc se dire que ce sont les visions les plus simples de la réalité qui en sont les plus distordues. Du coup, je retombe sur ma première conclusion en me disant qu’il ne suffit pas d’organiser la matière de la connaissance: il faut aussi tendre à l’exhaustivité. Autrement dit: mieux on comprend une matière, mieux on doit organiser TOUS les nombreux éléments qui la composent. Avec la politique de l’immigration, ça donnerait quelque chose comme ça:
Ce qui est drôle, c’est que lorsque j’ai commencé l’improvisation théâtrale, je pensais que c’était une question de don: il y avait ceux qui pouvaient inventer des histoires à tours de bras, et il y avait les autres. Et puis le temps a passé, en lisant des bouquins je me suis dit Oh non, l’impro c’est juste une série de règles qu’il faut maîtriser (Gravel), genre pas poser de questions et être bon en mime, et puis voilà. Ha ha ha, quand j’y repense ça me fait rigoler, hi hi hi.
Et puis après, j’ai lu d’autres bouquin (Napier) qui m’ont montré que les règles étaient mal faites, parce qu’elles avaient été construites sur les mauvaises impros, et qu’on ne pouvait pas très bien apprendre avec une liste de « ne faites pas… »: il y avait beaucoup d’interdits en impro, mais pas assez de bons conseils. Alors je suis retournés vers les bouquins plus compliqués que je n’avais pas encore compris complètement (Johnstone) et j’ai pu mettre un peu plus d’ordre dans mes schémas intimes.
Et l’année passée j’aurais pu vous tenir une théorie fascinante sur les cinq aspects de l’impro (Spontanéité, Personnage, Écoute, Construction et Techniques) qui entraient dans un système fabuleux où tout se tenait parfaitement comme un programme américain pour maigrir en 34 jours. Par exemple avec les premières lettres, ça fait SPECT et on dirait un moyen mnémotechnique qui conclut une belle présentation powerpoint. Et finalement, ce système SPECT, j’y crois plus trop, j’ai un nouveau système dans la tête, maintenant. Beaucoup plus simple et plus efficace.
En guise de conclusion, j’aimerais donc répéter l’importance du doute: après tout, Piaget a bien montré qu’il fallait remettre en question sa représentation du monde pour accéder à un nouveau stade cognitif, et Scott Peck parle de carte mentale périmée pour décrire une vision du monde qui ne fonctionne plus.
Et paradoxalement, je ne suis plus très sûr de tout cela.
Je doute, ma foi.









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