Choses politiques

Les gens qui ont un chat

Il faut toujours se méfier des gens qui possèdent un chat.

Les chats, c’est très exigeant, j’en ai un, je connais. Y’a qu’à les regarder se laver pour s’en rendre compte : un chat, ça se lave avec précision, avec méticulosité, avec acharnement, avec désespoir. Un chat, ça se lèche n’importe où, même là où je ne me lècherais pas même après un bon bain chaud. Bref, un chat, ça va jusque au bout des choses.

Tibert se lèche les c**illes

Les propriétaires des chats les habituent mal. Souvent, ils leur mettent une caisse à litière sur le balcon, en se disant, bah, Caramel – c’est son nom –, il va aller faire ses besoins sur le balcon ; il grattera quand il aura besoin. Ils se disent ça, mais deux jours après, Caramel a laissé un infâme colimaçon sur le tapis turc du salon. Alors comme les propriétaires n’aiment pas trop nettoyer ça, ils se disent, bah, on va mettre la caisse à litière à l’intérieur, ça sentira un peu, mais on achètera un peu de déodorisant d’intérieur.

Et là, du coup, ils se rappellent la publicité à la télé avec « l’ange qui garde la maison, Fresh abricot, oui mais c’est Fresh abricot, oui mais c’est frais ». Qu’on ne vienne pas me dire que les publicités n’atteignent pas leur public ; simplement, les publicités nous atteignent là où on les attend le moins.

Bref, revenons à nos crottes de chats.

Ensuite, donc, Caramel recommence à pondre des trucs bruns un peu partout dans la maison. Alors les propriétaires décident d’installer une chatière à la porte-fenêtre du salon, comme ça, il pourra sortir, après tout, c’est un animal sauvage, à la base, ha ha ha. Comme ça, tout le monde est content : les propriétaires ne sentent plus les cacas, le chat peut sortir, et le menuisier peut faire un devis de 200 francs.

Donc le chat est exigeant avec son hygiène. Mais il est aussi exigeant avec sa nourriture.

D’abord, on s’est dit, ah, mais, on lui donnera les restes du repas, du riz avec la sauce du rôti, il va adorer ça. Alors Caramel se tape les restes pendant 3 semaines, puis il bouffe à peu près tout, pourvu que ça ait le goût de viande. Après, comme l’aînée de la famille vit sa période végétarienne, le riz commence à n’avoir plus assez le goût de viande. Alors Caramel ne fait qu’entamer son assiette. Puis il n’entame plus rien du tout. Enfin, il entame une grève de la fin.
Alors les propriétaires, coupables, se disent, ah, mais, ça fait rien, on va lui donner des croquettes, il y a des Migros Budget en sacs de cinquante kilos, la voisine en donne à tous les chats du quartier, ça doit marcher ça, et pour pas cher en plus. Et tout le monde est content : Caramel, parce qu’il mange des croquettes trop bonnes avec une éclaffée d’appétants chimiques, la Migros parce qu’elle se fait des c**illes en or sur sa gamme Budget, et Mme Ronchin du troisième parce qu’elle n’a plus à nourrir que huit matous miteux.

Mais c’est pas fini. Ben ouais. Sinon j’aurais mis un point.

Non, après, Caramel se dit que les croquettes, c’est pas mal, mais ça a toujours le même goût. Toujours, toujours, toujours, toujours, toujours, toujours le même. Vraiment toujours. Croyez-moi, ou alors essayez. Bref, Caramel, il en marre des croquettes Migros Budget. Alors les propriétaires se disent, ouais, c’est vrai, ça doit pas être très varié de manger toujours toujours toujours toujours les mêmes croquettes, on va acheter celles au mouton. Ça tient trois semaines avec le mouton, mais Caramel rechute. Nouvelle anorexie. Alors on passe au poulet. Ça tient deux semaines. On passe au lapin. Tient deux semaines et demie (c’est meilleur que le poulet, le lapin).

Et puis après, on lui achète des boîtes, comme ça, se disent les propriétaires, on lui donnera moins de lait, parce que c’est déjà humide, comme le dit la notice, donc il lui faut moins de liquides. Avec les boîtes, c’est de nouveau la parillade des quatre viandes : lapin-poulet-veau-mouton. On trouve parfois du bœuf, dans les magasins spécialisés. Là, le bœuf, il tient plus longtemps. Après cinq semaines, Caramel n’est toujours pas lassé. Alors on y croit, on se met à espérer qu’il a trouvé chaussure à son pied. On fait du stock. On commence à tutoyer la nana du magasin spécialisé. On fait même des projets de vacances.

Mais il faut bientôt déchanter. Caramel n’en veut plus, de ses boîtes au bœuf. Caramel veut plus. Caramel veut mieux. Les chats sont comme ça.

Tibert s’en pourlèche les babines

Bon, se disent les propriétaires, eh bien, il n’y a qu’à lui cuisiner une petite portion à part, après tout, la grande adolescente s’est remise à la viande, le chat va suivre, ça ne peut pas être mauvais, de la viande crue, au début on mettra beaucoup de riz et de légumes.

Caramel adore. Il se gave de viande hachée, prend un peu de haricots et de tofu, mais c’est pour faire plaisir à la cuisinière. Caramel se pourlèche les babines de vrai poulet, de vraie tranche de veau et de vrai steak de bœuf.

Et puis.

Et puis, oui, bien sûr, Caramel se lasse même de ça. Les chats sont comme ça, ils sont exigeants ; ils en veulent toujours plus. Alors on cherche les viandes les plus exotiques : du steak de bison, du médaillon d’autruche, du filet de kangourou. Des mignons de yack, des rognons d’ara, des cuisses de jaguar (ça vous choque ? oui, les félins se mangent entre eux). On doit chercher de plus en plus loin dans la ville, et dans son imagination : des cuissots de lièvre, des joues de chimpanzé, des tendrons de gorille ; des nappelettes de mulots, des poutades d’okapi, des loupiots de zéphyr.

Mais Caramel se lasse encore une fois.

Les propriétaires sont à bout. Ils ne savent plus quelle viande lui offrir.
C’est drôle, Mme Ronchin a disparu.

Caramel a recommencé à s’alimenter.

Il faut toujours se méfier des gens qui possèdent un chat.

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2 réflexions sur “Les gens qui ont un chat

  1. Excellent.
    Moi mon chat s’appelle Mammouth. Que dire de Mammouth ? Que c’est un chat gâté, qui chaque nuit se faufile sous la couette, s’étend de tout son long entre nous deux, nous empêchant nous, de nous étaler. Mammouth monte sur la télé et balance sa queue devant l’écran, pour faire son intéressant. Par contre il s’accomode de l’incroyable monotonie des croquettes… Croquettes qu’il faut presque mettre en coffre fort puisque le petit félin parvient régulièrement (toujours la nuit) à faire tomber et ouvrir la boîte de croquettes pour se faire un incroyable festin nocturne.
    Miaou.

  2. biescotte dit :

    wouh ! moi aussij’ai un chat jaune comme ça !
    sauf qu’ilmange il mange il mange… mais il a pas un pet de gras cet ingras !
    et il ronronne comme une pédale ! hmm … je dirais plutot comme un … comme une ?? … euh … il ronronne a peine quoi !!

    enfin bref … il sait pas faire les calins, il est méga grand aussi, et il est pas calin, sauf quand il mange :p

    enfin bon il est resté un peu beta donc ^^

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