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Le marteau de charbon (épisode 256)

Alors la prophétie s’accomplit.

Le mage noir leva le sceptre de Fulgur pour lancer la troisième salve. Il commença son incantation, mais omis d’accorder l’adjectif nominalisé avec la principale. Cette bête erreur de syntaxe dans une formule magique eut pour effet de retourner l’effet du sceptre contre lui. Une boule de foudre fondit sur les épaules du mage, et le décapita au niveau des omoplates, ce qui n’était pas très propre (et pas trop ragoûtant, il faut le dire).

Tout transpirant sur l’étau de supplice, Rasteban reprit espoir. Il ne faut pas moisir ici, pensa-t-il; le marteau va s’abattre sur le monde, si je ne romps pas le Lien Subtil. Rasteban ne pouvait pas vraiment bouger, mais il transpirait vraiment beaucoup beaucoup. Ce processus eut deux conséquences  favorables sur le développement de cette histoire: la première conséquence était que le Roi, en se vidant de son eau, diminuait son volume corporel, et commençait à contempler la possibilité de pouvoir se libérer de l’étau. Deuxièmement, la sueur pouvait l’aider à glisser l’extrêmité de ses membres au-dehors des anneaux de l’étau. Troisièmement, il n’y a pas de troisièmement, j’ai dit qu’il y avait DEUX conséquences, il faut vous donner un peu plus de peine pour bien lire les informations, bon sang.

Toujours est-il que Rasteban parvint à se libérer de l’étau après moultes reptations, moults halètements et moults efforts.

Au même moment, le marteau de charbon commençait à vaciller sur son axe; il allait s’abattre sur la Carte des Mages, qui matérialisait l’entier de l’Univers. Rasteban s’élança vers le Lien Subtil, qui retenait la Carte déroulée. Il lui fallait absolument briser le Lien sans faillir. Bon, comme il n’avait pas d’objet tranchant à disposition, il mordit un bon coup dans le Lien Subtil qui avait le goût de cacao. La Carte se libéra du Lien, en se repliant sur elle-même. Il était temps, parce que le marteau de charbon s’abattit avec fracas sur du vide, et dès lors on est en droit de se demander pourquoi il y avait du fracas, puisque le vide dénote une absence d’air, et sans air on ne peut pas entendre le fracas, puisqu’il faut des molécules qui transmettent le son jusqu’à nos oreilles. Bon, enfin, admettons qu’il y eut du fracas. Comme ça c’est plus dramatique.

Rasteban, grâce à cette splendide bouchée, venait de sauver le monde! Il venait de compléter sa quête! Il allait enfin pouvoir retourner dans son palais, bien au chaud avec la Reine Élodie. À cette pensée, il sourit béatement.

 FIN

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