Voilà trois semaines que le Roi des Gètes n’avait pas mis la tête au-dehors de son palais. La faute à son épouse qui suscitait en lui des vagues libidineuses plus fortes que celles qui s’écrasaient contre les berges du Grand Rivage. La Reine Élodie avait, il est vrai, un fort beau teint de peau et des pieds forts menus, critère important s’il en est chez les rois gètes. Rasteban 1er, comme son peuple l’avait appelé, commençait donc à devenir malade à force de garder le lit, et sa nymphomane d’épouse s’absentait uniquement pour ricaner sottement en compagnie de ses dames de compagnie, en leur racontant les étonnantes frivolités de la nuit passée.
Ce repos forcé ennuyait le Roi: ce qu’il voulait, c’était régner. Rasteban 1er décida donc de profiter d’une absence de sa Reine Élodie pour ficher le camp par travers la fenêtre. Il se fit une corde avec les draps, comme les princes charmants qui montent au donjon de leur dulcinée, mais là c’était l’inverse.
En bas, il prit une poignée de dents-de-lion pour se barbouiller la face de chlorophylle. Il espérait que personne ne le reconnaisse, et il avait raison: son palefrenier n’y vut goutte, à tel point qu’il crut à un vol quand Rasteban 1er grimpa sur le dos de Pouliche, sa jument favorite. Mais le palefrenier n’eut pas le temps de terminer son à la garde, parce que Rasteban avait pris soin de lui asséner un fabuleux coup de coude sur la tête, ce qui est tout de même plus grave qu’un coup de tête sur le coude (le Roi avait pris un cours de développement personnel comment se débarasser des importuns).
Rasteban était maintenant bien content, parce qu’il chevauchait à vive allure loin, très loin de son château; il voulait découvrir son royaume, et l’accomplissement d’une quête quelconque, comme savent si bien le faire les véritables héros, lui paraissait un défi à la mesure de son talent. Par des coups de bottes bien placés, il enjoignit Pouliche de le mener à Gdürsk, où le marchand de quête aurait certainement quelque chose pour lui.
J’aime bien le début de cette histoire!
Dommage qu’il n’y ait pas eu de suite, ça donnait envie.
Eh bien!
Il y aura une suite, mais dans le désordre. J’ai aussi le droit de faire mon Tarantino, après tout.