Lorsqu’on nous présente un idéal (Dieu / un génie artistique / la paix dans le monde), nous sommes souvent prompts à nous décourager. C’est trop dur, on dit. On va jamais pouvoir. Il reste trop de choses à faire. Et puis c’est les autres qui ont commencé, alors ils fouteront toujours tout par terre.
Une autre stratégie (celle des enfoirés d’idéalistes comme moi) consiste à se motiver: allons-y, mettons-nous au travail. Tendons vers cet idéal. Les autres vont bien finir par suivre.
Dans la vie, ça donne quelque chose comme une opposition pessimiste/optimiste, actif/passif, voyeur/acteur porno. En art, on trouve les couples critique/créateur, réactionnaire/créatif; en impro, on a le cabotin/le constructeur; en pédagogie, on a l’innéiste/le constructiviste, bon, okay, je pense que vous avez compris.
Pour moi, on peut y voir deux attitudes face à la vie: d’une part, ceux qui baissent les bras, qui sont fatalistes et qui pensent que la vie est un magma de douleurs et de souffrances, que l’ataraxie ne viendra jamais et que la coke, c’est pas mal. De l’autre côté, il y a ceux qui ont la foi: on peut toujours s’en sortir, on peut toujours changer les choses, il y a toujours quelque chose à faire.
Je me rappelle être sorti d’une salle de concert, un trompettiste avait donné un récital. Une technique grandiose, un talent inouï, le genre de truc qui vous fait des frissons que même si vous détestez la trompette, vous avez eu des frissons dans les organes génitaux. On sort, mon cousin et moi, et il me dit (il fait aussi de la trompette) :
« Woah, putain, un talent pareil, ça dégoûte. »
Moi, je lui répond:
« Non. Un talent pareil, ça fait envie de travailler. »
Dans la vie, on a toujours le choix: être découragé par ce qui est meilleur que nous; ou vouloir l’atteindre.
Dans le rétroviseur 
Sympa ton petit chat. J’imagine qu’il s’appelle finpoil 🙂
Merci pour ton commentaire sur mon blog!
Etre exaltée par le talent, ou l’appétit de vie des autres, ça m’arrive, et ça se travaille aussi je crois. Par contre, ce qui peut me « dégoûter » ou en tous cas me détourner (un temps) de mes projets, c’est d’avoir l’impression qu’un autre fait exactement ce que j’ai l’ambition de réaliser, au mot près. Mais peut-être est-ce spécifique au domaine de l’écriture ?
Perso, je pense que ce que tu ressens s’étend à tous les arts, et c’est tant mieux! Combien de pièces de théâtre, de concepts d’impro, de musiques n’ai-je contemplé avec le désir d’avoir leur génie!
Après, la réaction que je peux avoir est de mon ressort. Je préfère m’encourager à me surpasser!
Tout à fait d’accord pour la ligne de conduire générale (chez nous, on appelle ca la corde du violon). mais il ne faut pas oublier que les périodes d’immobilisme ne correspondent pas forcement à des périodes d’ataraxie, mais mais de contemplation, d’écoute. ca permet de donner chair à nos élans, de les ancrer à terre, avant de pouvoir commencer à tracer un sillons. ca permet d’être remué et motivé par les talents des autres, sans pour autant se précipiter dans l’imitation. ca permet de tracer son chemin.
Dans la vie, on a toujours le choix: être découragé par ce qui est meilleur que nous; ou vouloir l’atteindre.
On peut aussi considérer qu’être meilleur n’est pas forcément un but à atteindre, non ?
Ouais. Bon. Disons qu’en tant qu’idéaliste, je suis plutôt prompt à voir dans chaque expérience une possibilité d’amélioration. Cela me paraît donner un sens respectable à ma vie, non?
Alors dans ce cas, oui, je me place forcément des buts à atteindre… sans pour autant me flageller jusqu’au sang si je n’atteins pas la perfection.
“Woah, putain, un talent pareil, ça dégoûte.”
Marrant, ça, j’aurais plutôt tendance à dire « Ca donne envie d’être aussi bon, mais dans autre chose. »