Actualité, Enseignement, Internet

La crème de la crème

Oh yeah, mes billets se raréfient, la faute à pas de bol, au temps qui se mange les pouces et à Tibert qui me ronronne dans l’oreille, la faute au beau temps du mois d’avril, qui file et se découvre de tous ses fils. Heureusement, l’Internet me fait gagner du temps grâce au concept d’agrégateur, qui me permet de sélectionner la crème de la crème (c’est à dire, du beurre) pour maximaïser mon temps de lecture sur cette Toile gluante.

Il faudra d’ailleurs que je m’étende un jour un peu plus sur le concept d’agrégateur de blog: en bref, c’est un compte personnel ouvert sur bloglines ou autre qui permet de gérer les flux RSS – entendez, les derniers messages, billets ou niouzes – arrivés sur les sites préférés. L’autre jour, je disais donc à mon frère:

Moi: Tiens, c’est super-cool ce concept d’agrégateur, ça te permet de perdre moins de temps à relire les informations que tu connais déjà, il faudrait que ça existe avec les personnes. Tu vois, tu verrais les gens uniquement si ils ont quelque chose de nouveau à t’apporter.

Mon frère: Ouais, mais il y a des personnes que tu verrais plus beaucoup, alors.

(ça me fait penser que je l’ai pas vu depuis un bail, ce mec-là; il faut que je me méfie)

Quand même eu le temps, donc, de mettre les yeux sur un fichtre beau billet qui résume assez bien mes prophéties de vieux bourré sur l’avenir de l’enseignement via les blogs, les sites, et bla et bla et bla. Alors, voilà, ça se trouve là, ici, et ça parle d’enseignement par et pour les blogues; ça me fait d’ailleurs bien plaisir de voir comment le paragraphe en citation finit, parce que je viens de mettre en place un embryon de blogue de cours pour ma classe d’argumentation, ici.

Tibert, lui, s’en bat les couilles. Lui, il cherche plutôt un agrégateur de poils, parce que mon parquet commence bientôt à ressembler à de la moquette. De la moquette en poils de chat.

Tibert s’en lèche les couilles

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Improvisation et créativité, Internet

L’impro, c’est du théâtre en wiki

J’ai déjà mentionné le fait que les comédiens-improvisateurs étaient des créateurs généreux, parce qu’ils produisaient du théâtre sans se soucier des copyrights, des royalties et du concept de la paternité des idées. Aujourd’hui, je vais aller encore plus loin, en proclamant fièrement que l’improvisation est au théâtre ce que l’open-source est au code informatique.

Tibert cherche toujours à aller au fond des choses

Quand mon frère m’a appris l’existence d’un mouvement d’informaticiens idéalistes, qui mettaient au point des logiciels gratuits que chacun pouvait modifier à sa guise, j’ai cru à une bonne blague. Mais j’ai constaté que des projets comme Linux et Wikipedia avait tendance à marcher, et j’ai recommencé à croire en l’Homme.

Si vous avez déjà modifié une page de l’encyclopédie sus-mentionnée, vous avez certainement éprouvé deux émotions contradictoires: la première, c’est la fierté d’avoir su communiquer un aspect de votre sagesse au monde entier; la deuxième, c’est l’amertume de vous rendre compte que le moindre petit saligaud mal intentionné pourrait effacer votre magnifique prose en quelques clics. Autrement dit, en contribuant à un wiki, vous renoncez à la paternité de votre art. Vous donnez librement; et de manière désintéressée, à moins que vous n’espériez devenir célèbre et reconnu dans la communauté des Wikipédiens – et là, permettez-moi de vous dire que vous n’êtes pas au bout de vos peines.

En improvisation théâtrale, c’est à peu près la même chose: lorsque vous sautez sur la patinoire, le ring ou la scène du spectacle, vous collaborez avec un partenaire pour créer quelque chose ensemble. Vous ne pouvez à aucun moment décider de prendre la création à votre compte, puisque le co-auteur pourra donner une orientation inattendue à la scène. Le processus est encore plus manifeste dans le jeu du mot-à-mot (où chaque participant donne un seul mot à la fois pour construire des phrases), puisque vous ne pouvez même pas prévoir quel sera le mot suivant dans la phrase.

On en arrive à une philosophie assez zen de la création. Non seulement, mes idées ne sont pas mes idées (elles ne sont que des recompositions d’influences diverses), mais encore elles seront modifiées, trahies, écrasées, pour le plus grand plaisir du chaos artistique. Bon, après, il y a quand même une bonne dose d’écoute qui fait qu’on va tendre à être sur la même longueur d’onde; mais pour le principal, l’impro, c’est construire un mur sur les briques des autres. Et c’est plutôt sympa, parce que c’est généreux, social, bienveillant, et que tout ça nous rapproche un peu plus de Dieu (qui a certainement créé le monde en wiki).

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Actualité, Choses politiques, Internet

Le web 2.0 expliqué à ma maman

Si vous tenez à briller dans les salons mondains, vous aurez de grandes chances d’attirer à vous les regards de la blonde pulpeuse lascivement affalée sur le canapé en amenant dans la conversation la notion de « Web 2.0 ».

Vous pouvez par exemple dire que « nous sommes en train de vivre une révolution web 2.0 » ou que « Google va devoir évoluer s’il veut survivre dans l’environnement Web 2.0 ». Vous pouvez également émailler la conversation de quelques anglicismes à la mode comme YouTube, SecondLife ou MyCatVomitsEverywhere.

Mais tout ça ne nous aide pas encore à comprendre comment-quoi-c’est le Web 2.0.

Tibert se mord la patte arrière gauche pour la punir

Bon. Auparavant, on avait le web 1.0, ça paraît con à dire comme ça, mais l’essentiel de l’Internet, c’était des sites commerciaux, des pages personnelles et des films pornographiques à télécharger. Désormais, les films de boules sont restés, mais en plus, on a des services. Des services pour mettre en ligne ses textes (les blogs), ses vidéos, sa musique, sa maison aux enchères, son slip, son chien, sa belle-mère et son enclume. Désormais, l’Internet nous rend la vie facile (et, je le répète, les films de moeurs légères, eux, subsistent).

Avant, à moins d’être un mordu de l’informatique et de bricoler des transistors dans son garage, on ne pouvait pas changer grand chose à ce qui était sur le Ouèbe. Il fallait être ingénieur-informaticien, maîtriser les « codes », avoir des « mots de passe » et savoir combien d’octets pouvait contenir une disquette. Désormais, on peut changer des articles encyclopédiques comme on change de chaussette (Wikipédia), on communique à tout le monde nos pages favorites (del.icio.us) et on peut blogguer à tout va en publiant des photos de son chat.

Auparavant, on avait de la peine à trouver l’information. Il y avait bien Altavista, Yahoo, Google, mais personne ne savait exactement comment chercher: tout le monde perdait un temps fou à visiter des sites inutiles, le café devenait froid, le chien n’avait plus sa promenade. Désormais, on commence à se faire à l’idée que les liens, les hyperliens, les permaliens sont autant utiles que les pages elles-mêmes. La connaissance n’est rien, sans le chemin de la connaissance. Le nouveau Ouèbe tend à vouloir organiser la matière. Le mouvement « connexioniste » est en marche dans tous les domaines: le frère du neveu de ma mère doit « réseauter » pour trouver du job dans sa banque, mes collègues enseigants forment des « groupes de travail », tout le monde se met à la même table et c’est tant mieux, parce que plus on est de fous, plus on rit.

Maintenant, ce qui est très très bien avec l’évolution de la mise en réseau, c’est que les gens vont avoir un accès beaucoup plus rapide aux choses qui les intéressent. Les utilisateurs vont pouvoir mettre en lien leurs passions, leurs peines et leurs joies, pour que les autres utilisateurs qui ressentent les mêmes choses puissent les trouver et s’apitoyer sur leur sort. Super. Ce qui veut dire que la vie va devenir de plus en plus créative, parce que les idées vont commencer à circuler beaucoup plus vite.

On sait par exemple que le cerveau stocke les informations lexicales en créant des liaisons synaptiques (wouah, trop cool) entre les différents concepts que nous apprenons. Le ouèbe fonctionne sur le même principe, puisqu’il va mettre en relation, en communication, des gens qui ne se seraient pas forcément trouvés sans le réseau des réseaux. Naturellement, cette évolution va faire avancer l’humanité très rapidement vers la sagesse, et j’ai le plaisir de vous annoncer la paix dans le monde pour l’année 2017.

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Actualité, Enseignement, Improvisation et créativité, Internet

La pédagogie en wiki

Dans les temps anciens, l’instituteur passait pour un maniaque solitaire qui préparait avec soin des polycopiés sentant bon l’alcool à brûler, et qui composait chaque soir de nouvelles fiches d’exercices à la lueur d’une lampe à huile, dans la morne poussière d’un triste établi. Ces temps sont révolus. Désormais, nos chers profs travaillent en réseau, échangent leurs séquences didactiques sur les plateformes peer-to-peer et mettent leurs démonstrations du théorème de Pythagore sur YouTube.

Tibert vu de haut

En formation pédagogique, on commence à nous proposer du matériel comprenant des fiches d’exercices « modifiable », on nous incite à former des « groupes de travail » et à partager nos meilleurs cours et méthodes d’apprentissages. En fait, nous sommes en train de vivre la révolution du wiki en pédagogie. Ce qui pourrait nous réjouir.

Si seulement nous y étions prêts.

Constat qui s’impose: les enseignants ne sont pas portés à échanger leurs idées. Chacun préfère réinventer la poudre dans son coin, jouer à l’apprenti-sorcier et garder ses meilleures recettes pour lui-même. Les rares groupes d’enseignants qui s’échangent des supports de cours sont peut-être les seuls à avoir compris la philosophie du wiki: « Je te montre mon travail, tu me corriges; tes corrections améliorent mon travail, qui devient NOTRE travail, et celui-ci devient meilleur. L’apport se fait dans les deux sens, et tout le monde est content. »

En improvisation théâtrale, nous intégrons assez rapidement le fait que nos idées seront traitées et acceptées par l’autre, puis modifiées et renvoyées vers nous sous une autre forme. Nous savons que nos idées ne nous appartiennent pas, qu’elles ne sont qu’une re-création à partir d’autres idées.

En improvisation, comme en pédagogie, nous devrions tendre à une certaine générosité créative.

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