Choses politiques, Internet

Comme dans un jeu vidéo

Le mercredi 7 janvier, j’avais un alibi: j’étais au cinéma.

Dans la foulée d’une sympathique rétrospective de la trilogie de l’Anneau et des deux premiers Hobbits, mon pote Renaud Delay m’a invité à aller voir la Bataille des Cinq Armées en version originale et en trois dimensions, s’il vous plaît. Ça tombait bien: j’avais appris les évènements de Charlie en fin d’après-midi, j’étais sous le choc, j’avais déjà ras-le-bol de tout le tintamarre argumentatif autour de la liberté d’expression, du fondamentalisme religieux et du suivisme sur les réseaux sociaux. En bref, j’avais envie de voir une fiction où tout finit bien, et où le Mal est vaincu sur des accords majeurs de trombones triomphants.

J’étais déjà averti: par l’effet conjugué des images de synthèses et de l’effet 3D, on vous envoie plein la face de personnages irréels sortis de jeux vidéos, de faux monuments dans des faux arrières-plans, devant lesquels s’époumonent laborieusement de vrais comédiens avec des fausses barbes. Franchement, entre regarder des experts s’entretuer sur Twitch.tv, et admirer les prouesses de la bande de Thorin, je n’y ai vu que du feu: les personnages volent d’escaliers en escaliers, manipulés maladroitement par des fils invisibles. Rien ne pèse, rien n’a de poids: tout ça manque de gravité.

Pendant ce temps, sur Facebook, les Douze suscitent une désolation monstrueuse. Indignation virtuelle. Il y faudrait davantage de légèreté.

Mais revenons au film: certes, ce vieux farceur de Tolkien avait déjà ménagé de sacré dei ex machina: le point faible de Smaug, l’arrivée du frangin de Thorin, l’intervention des Aigles. Et c’est comme si Peter Jackson n’avait pas su résister à ses préccccieux retournements de situation pour allonger la sauce du Hobbit sur trois films. D’un conte pour enfant de 240 pages, on a aboutit à un prequel alambiqué pour le Seigneur des Anneaux, entre parc d’attractions et néo-romantisme raté.

Je ne veux pas cracher dans la soupe: au-delà de toutes ces faiblesses, j’ai passé un honnête moment, de gros éclats de rire (au premier, deuxième, ou vingt-septième degré) et reçu avec bonheur le message tant attendu: « S’il y avait plus de gens comme vous, Bilbon, » articule Thorin, « des gens qui font pousser des chênes et servent le thé à 4 heures… et bien, le monde serait meilleur et plus joyeux » (citation de mémoire, on va pas chipoter).

Le troisième Hobbit a donc deux avantages: nous pousser à nous replonger dans les bouquins du philologue pour voir à quel point l’oeuvre a été galvaudée et mutilée, mais surtout, elle met un point final au massacre.

Enfin, le silence, et puis le vent.

Pendant ce temps, Sauron est revenu.

Sauron

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