Ne vous faites pas de soucis pour moi. Je suis actuellement en excellente santé. C’est juste que je suis prévoyant.
Pour faciliter la tâche de ceux qui devront préparer ma cérémonie funéraire, voici une liste de contenus qui doivent être utilisés; l’ordre d’enchaînement doit être scrupuleusement respecté, et la cérémonie ne doit pas excéder 40 minutes:
– Programme du Culte –
1. Entrée en musique avec l’Adagio de Barber; c’est du lourd, mec.
2. Accueil du pasteur, qui intégrera la citation attribuée tantôt à La Rochefoucauld, tantôt à Michel Audiard: « La vie, ne la prenez pas trop au sérieux; de toute façon, on n’en sort pas vivant. »
3. La fanfare joue l’arrangement de The Show Must Go On; si les gens doivent pleurer, c’est le dernier moment – c’est la catharsis, il faut que ça ramone les boyaux.
4. Le pasteur évoque ma vie, sans trop entrer dans les détails et en restant indulgent sur mes égarements de jeunesse; si elle le souhaite, la femme que j’aime peut dire quelques mots d’amour.
5. La Compagnie du Cachot joue la version français du sketch des Monty Pythons The Dead Parrot.
6. Lecture du chapitre 61 du livre édité sur The Last Lecture de Randy Pausch (la conclusion de sa conférence, où il répète que les rêves doivent guider votre vie), ainsi que de la pensée (p.46) « La quête de complétude » du bouquin d’Eckhart Tolle The Power of Now, mon billet sur la tentative d’exhaustivité, ainsi que le poème de Boris Vian L’Évadé. Entre chaque texte, un interlude à l’orgue, si possible joué par mon inestimable ami et pianiste, J. D. (en plus, il a si peu l’occasion de jouer sur des orgues que ça lui fera plaisir).
7. Ensuite, un peu de musique joyeuse: Jacques Brel dans J’arrive (si possible, un enregistrement public).
8. Le mot d’envoi du pasteur (si possible assez court; les pasteurs sont toujours trop longs dans leur envoi), puis une sortie d’orgue avec la Toccata de Boellmann.
Ensuite, j’aimerais qu’on éparpille mes cendres au pied des plus proches rosiers, c’est un fertilisant incroyable pour les rosiers, ça, les cendres.
Enfin, j’aimerais qu’on fasse une vraie verrée, qu’on se tombe dans les bras, qu’on se mouche dans les serviettes, qu’on rigole un dernier coup de moi et de cette fabuleuse plaisanterie qu’est la vie.
Je viens! C’est quand?
Compte sur moi pour que tout soit respecté… et pour me moucher dans les serviette…