Mon chat jaune est parti depuis voilà un mois. J’ai rêvé qu’il revenait.
– Eh ben, c’est pas trop tôt, mon ami Tibert! Enfin revenu! Qu’est-ce que tu as fait pendant tout ce temps?
– J’étais sorti. Une envie pressante.
– Mais? Tu… tu parles, maintenant?
– J’ai toujours parlé, mais tu ne m’écoutais pas.
– Mais je, je, je t’entendais miauler, tu sais! Tu miaulais pour jouer, pour…., pour manger, pour sortir…
– Oui, mais tu interprétais mal les choses: tu croyais que j’étais un animal stupide, obsédé par mes instincts. Je demandais plus que ça dans mes miaulements. Je voulais de l’amour, moi.
– Mais alors… Pourquoi… Pourquoi est-ce que je te comprends parfaitement, maintenant?
– Tu me comprends parce que tu as besoin de m’écouter. Tu m’as perdu, alors tu veux me regagner.
– Je ne comprends pas…
– Les humains sont comme ça: tant que tout roule, ils n’écoutent pas. Un beau jour, tout s’écroule, et ils dressent l’oreille, desespérés. Ils cherchent les rumeurs, ils espérent capter des messages: la parole de Dieu, les informations à la radio, les conseils de leurs amis… C’est lorsque tout va bien qu’il faut écouter d’un peu plus près.
– Tu as raison. Je vais t’écouter. Qu’as-tu à me dire, chat? Parle, je t’écoute. Je suis tout ouïe.
– Ça serait trop facile. Si je te le disais dans la minute, tu ne m’écouterais plus. Et je repartirais.
– Mais? Je… Qu’est-ce que je dois faire, alors?
– M’écouter. Tout le temps. Pas seulement pour savoir, ou pour apprendre. M’écouter pour le plaisir de m’écouter. « Écoutez-vous les uns les autres », voilà par quoi vous devriez commencer.
…