Il y a quelques semaines, c’était la mode de faire une chaîne de blogs qui révélait les « cinq choses que vous, lecteurs, ne savez pas sur moi ».
Rassurez-vous, je ne vais pas tomber dans ce travers impudique. En plus d’être inintéressante, ma liste personnelle aurait louvoyé entre fantasmes débridés et confessions inavouables (dont une qui concerne mon chat, je vous laisse à vos spéculations).
Par contre, je cherchais à détourner le principe du tag: j’aurai pu vous dire « cinq choses que je ne sais pas sur vous », mais la liste aurait à peine tenu dans trois tomes de La Pléiade. Dans un deuxième temps, je pensais vous révéler « cinq choses que je ne sais pas sur la physique moléculaire », mais, piqué par l’orgueil, je préfère jouer au mec qui fait semblant de savoir. Et puis, j’ai trouvé: je vais vous avouer « cinq choses que JE ne sais pas sur MOI ».
1) je ne sais pas si j’existe
Descartes et son « je pense donc je suis » ne me convainc qu’à moitié: car si je ne pense pas (et ça m’arrive une bonne partie de la journée), alors je n’existe pas non plus. Nul, comme preuve.
2) je ne sais pas quand je vais mourir
La plupart des gens ne savent pas la date de leur mort. C’est bien embêtant pour faire des projets (quand aller au ski? faut-il se marier? quand prendre sa retraite?). En général, plutôt que de se foutre éperduement de la question de « la mort », nous tenons à nous en épouvanter. C’est plutôt incompatible avec le bonheur.
3) je ne sais pas si je suis bon
J’écris, je compose, j’improvise, j’aime, je caresse, je chante, je joue du cornet à piston, et pourtant: au niveau qualitatif, je ne sais pas ce que je vaux. Les gens me disent si c’est bien ou pas, mais je ne suis pas sûr de vouloir les croire.
4) je ne sais pas si je sais aimer
Ça, c’est vraiment compliqué. C’est très difficile de savoir si l’amour qu’on donne est vraiment désintéressé, complet, cohérent, intègre, divin.
Bon, en même temps, je me donne un maximum, alors ça doit faire l’affaire.
5) je ne sais pas comment finir ce billet
« je ne sais pas quand je vais mourir »
Est-ce bien important ? Une fois mort, on n’est plus là pour être gêné par les projets pas aboutis, les gens à qui l’on manque, etc… C’est un fait: le temps de « Quand je serai mort » n’existe pas, du point de vue individuel. Et ce qui n’existe pas ne doit pas gouverner notre vie. Non ? 😉
En tant que réincarnation de Trondheim (toujours toujours en vie), tu n’es pas sans savoir que « Nous sommes tous morts ».
Je pourrais disserter sur ton point 4, mais j’y patauge trop moi-même pour être convaincue par mon habituel « ce n’est pas à moi d’en juger ». Et puis après on rejoindrait ton point 3, et à force on pourrait tomber dans le coupe-curiosité « les goûts et les couleurs » alors fichtre, je m’abstiens.
En tant que Pinailleur Suprême devant l’Eternel (ou PSE), je me dois d’apporter une petite précision à ton point 1… Je m’en excuse par avance.
‘Je pense donc je suis’.
En mathématiques (oui c’est un langage), cette phrase se traduit par : [je pense] implique [je suis].
Il s’agit bien d’une implication ici, et pas d’une équivalence (implication réciproque).
Ainsi, [je ne pense pas], qui est la proposition complémentaire à [je pense], n’implique pas [je ne suis pas] ou, pour reprendre tes termes [je n’existe pas], qui est la proposition complémentaire de [je suis].
En effet, il est tout à fait possible que d’autres conditions (prémisses) impliquent l’existence d’un individu, comme :
– je respire
– j’aime Buffy contre les Vampires
ou bien sûr :
– je ne pense pas
En revanche, si l’on accepte que Descartes a vu juste, on peut en déduire ceci :
[je n’existe pas] implique [je ne pense pas].
Bref, Descartes n’a pas inventé la poudre, mais un bon moyen de nous faire penser à des choses évidentes. C’était donc un génie, même s’il s’appelait René. Et Buffy est géniale, même avec son prénom.
A bientôt, et merci pour ton blog!
Parfois, il frôle le génie de Descartes!
Salut! Je suis espagnole et j’ai beaucoup aimé ton blog, mais je ne suis pas d’accord avec ce que tu dis, « je ne sais pas si j’existe » parce que parfois tu ne pense pas, mais Descartes il a dit aussi:
« Je ne suis donc, précisément parlant, qu’une chose qui pense. C’est-à-dire une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent. »
Et j’espere que si tu ne pense pas au moins tu imagine parce que çela serai triste si tu ne le fait pas. A bientôt!
merci pour cet article ! j’y suis arrivé par les méandres d’internet : en fait, je ne sais pas vraiment comment !
j’ai bien rigolé
Mat