Un dialogue mythique que j’aime bien, lu dans « La part de l’Autre », d’Éric-Emmanuel Schmitt, Livre de Poche, dans toutes vos petites librairies. L’auteur fantasme sur le possible destin d’Adolf H., reçu à l’École des beaux-arts de Vienne, qui change totalement d’orientation morale. Après quelques années d’étude, la guerre de 14 éclate, et le peintre est mobilisé avec ses meilleurs amis, Neumann et Bernstein. Ils s’interrogent sur leur possible mort dans les tranchées:
p. 157
– S’il y a une justice, c’est moi qui dois mourir le premier… Ce ne serait pas une grande perte, dit Adolf.
– De toute façon, il n’y a pas de justice.
Neumann avait répondu d’un ton sourd, les dents serrées. Adolf le regarda avec soulagement.
– Tu as raison. Il n’y a pas de justice. Tout est loterie. La naissance, la mort, le talent. Et c’est tant pis pour nous.
Très bon livre… Mais presque malsain (difficile de se dire qu’on est en train d’apprécier Adolf H. alors qu’en parallèle on lit la vie d’Hitler). L’auteur s’est bien documenté pour ce qui est de la partie historique! Le passage qui m’a le plus marqué est aussi dans les tranchées: celui où l’on voit Hitler se déshumaniser.